Ariani – Renaissance

Je… j’ai toujours été créative.

Quand j’avais trois ans, j’ai dessiné un cheval.
Le prof hem en maternelle, il a dit à ma maman: “Vous devriez absolument envoyer votre fille dans une école spécialisée dans l’art parce qu’elle a énormément de potentiel.” Et ma maman m’a dit qu’elle a dit à la profession euh le professeur: “Ah oui, c’est gentil mais… je crois que elle sera plus apte à devenir comme son père.” Et ça en fait, c’est euh la base fondamentale de mon passé.

J’étais née dans une famille euh académique. Mon papa est un scientifique. Un homme d’affaires. Et je suis née en Malaisie, dans une grande famille où les grands-pères, les grands-mères, les en.. les tantes, les oncles forment un.. un “nucleus”. Et que.. on était toujours ensemble. Et dans cette famille, les valeurs sont très similaires. Les aspirations sont très spécifiques. Donc, depuis que je suis toute petite, j’ai appris à.., de ma famille, qu’en fait, l’art… était superflu. Que c’ét.. ce n’était pas nécessaire. Ce n’était pas quelque chose que l’on peut vivre… avec.. de gagner sa vie, je veux dire. Euh.. ils m’ont fait croire que en fait, l’art ou aussi la spiritualité euh.. étaient inférieurs à l’étude des sciences ou à des études d’architecture. Même la politique. Tout était… tout était mieux que l’art.
Mais bon moi, je.. je voulais faire plaisir à ma famille. Euh.. je voulais leur.. euh leur acceptance et comme j’étais la fille ainée, la petite fille ainée euh de.. de la famille, j’étais sous cette… pression, dans cette.. cette boule. Et naturellement, je voulais leur faire plaisir.
Donc euh depuis que j’étais toute petite j’ai appris à.. à mentir à moi-même en disant que “oui, j’ai envie de devenir médecin, oui, j’ai envie de devenir scientifique.” C’était très facile parce que de toute façon, à la base, j’ai toujours adoré la science. J’aime la science. J’adore la physique quantique. J’adore la chimie. Donc euh pour moi, je me suis dit “Pourquoi pas?” Alors euh ce… cette façon d.. de fonctionner a continué pendant des années depuis ma plus tendre enfance.

Euh.. j’ai étudié et j’ai étudié.
Ah, j’aime pas dire ça mais je suis née quand même pas mal intelligente. Donc euh les études de chimie, la biologie, la physique étaient assez faciles.. pour moi. Et j’ai toujours eu de très, très bonnes notes à l’école. J’ai eu de tellement bonnes notes que j’ai été acceptée de.. dans une des plus prestigieuses universités qui existaient en Malaisie à ce moment-là. Euh… Et ma famille était fière, si fière. Et moi, j’étais heureuse de pouvoir les rendre si fiers. Parce que… toute ma vie était basée sur ça.

Donc euh, je suis rentrée à l’université. Des mois sont passés. Et plus les jours passent, plus je me rendais compte que j’étais malheureuse, que… d’être une future médecine euh médecin, je veux dire, future… scientifique m.. me plaisait de moins en moins. Et je me rendais compte que toute ma vie, j’avais vécu un mensonge.

Et un jour…, j’ai flippé.
J’ai pété un câble, on peut dire ça comme ça. Et euh j’ai commencé à challenger les traditions et la religion dans lesquelles j’ai été éduquée. Il y avait des larmes qui coulaient tout le temps, tout le temps euh… en dispute avec ma famille. Il y avait.. euh.. des voix… en colère. Les gens n’étaient pas contents. J’étais vraiment le mouton noir de la famille. Et… j.. j’essayais de faire comprendre que… je voulais faire de l’art. Que je voulais faire autre chose de ma vie.

(…silence…)

Et euh ce n’était pas facile. Donc euh.. dans la première histoire que j’avais expliquée, dans laquelle je tombais enceinte et où j’avais dû déménager en Europe, euh… en fait, tout est arrivé plus ou moins au même moment. Je vais faire un fast forward et, là, on est en septembre 2008.
J’avais vingt-trois ans. Hem.. j’avais pas de travail car à ce moment-là, j’ai perdu tous mes papiers. Et pour que je puisse rester en Europe, j’ai perdu la garde de ma fille.

(…silence…)

Je ne parlais toujours pas la langue. Et je connaissais personne. Mais j’étais déjà en Belgique. J’ai choisi la Belgique car c’est un pays où les gens parlaient anglais. Et je me suis dit que c’était beaucoup plus facile de… survivre dans un pays anglophone que.. que de survivre en France.

Quelques semaines après que je vis en Belgique, j’ai rencontré Lou, mon partenaire. Et il m’a sauvé la vie.

(…silence…)

Il m’a sauvé d’une mort spirituelle, d’une mort émotionnelle.
Il m’a donné tous les outils qu’il fallait pour fabriquer mes propres ailes. Il m’a dit que je pourrais voler et je l’ai cru.
Et à ce moment-là, j’avais l’impression que ma vie était une toile… blanche et que je pouvais faire tout ce que je v.. je voulais. Et, évidemment, c’était de l’art. Et… Mais j’avais peur. Comme toute ma vie, il n’y a personne qui m’avait jamais soutenue dans ce que je voulais faire, je savais pas où commencer.
J’avais jamais peint de ma vie. Je savais pas quoi faire. Et ce que Lou a fait: il m’a acheté euh une toile blanche, quelques peintures et euh.. un chevalet et il m’a dit: “Ecoute, juste: fais ! Fais, ce que tu veux.”

Et c’est là que j’ai créé mon premier tableau. Il est là.
[Ariani désigne un tableau dans son atelier].
“La fleur de la vie.” Pour moi ce tableau, euh c’était vraiment comme une renaissance. C’est un tableau qui est à la fois abstrait, à la fois organique mais surtout c’est un tableau qui représente un symbolisme spirituel. Parce qu’à ce moment-là, c’était vraiment comme un début de… d’une nouvelle vie pour moi. Un nouveau livre. Un nouveau chapitre. Et à ce moment-là, j’ai su que j’étais en train de me guérir et de devenir la personne que je devais.. que j’étais destinée à devenir.

Depuis ce moment-là, je n’ai plus jamais arrêté de peindre. Maintenant… ça fait cinq ans, six ans que je peins. Je commence à avoir de plus en plus de confiance en moi.
Skaii de Vega était née avec des projets, des aspirations. Avec euh une volonté de changer le monde. Et je suis… je suis déjà là. Je suis très proche d’où j’ai envie d’être.

Et je remercie euh la Vie, l’Univers pour… pour toute cette chance et ces opportunités que j’ai car maintenant, c’est tellement clair pour moi, ma mission de vie hem…
Je suis en bonne… relation avec ma famille. Enfin!
Je suis en train de récupérer ma fille. Et euh même au moment où tout semble impossible, où tout semble difficile, j’ai la preuve aujourd’hui que… je suis sur la bonne voie. Et je suis certaine… en tout cas je crois en Skaii de Vega, que… qu’elle va arriver où elle à envie d’être. Et je suis… reconnaissante.
Merci. Merci, Olivier, pour.. p.. pour cette opportunité de partager cette histoire. Je me sens honorée. Et euh j’espère que mon histoire pourra peut-être donner.. semer des petites graines de courage, de persévérance et euh de la volonté de suivre ses rêves.

(…silence…)

Et je trouve que c’est un bon début.
Merci.

Ariani – Renaissance

Je… j’ai toujours été créative.

Quand j’avais trois ans, j’ai dessiné un cheval.
Le prof hem en maternelle, il a dit à ma maman: “Vous devriez absolument envoyer votre fille dans une école spécialisée dans l’art parce qu’elle a énormément de potentiel.” Et ma maman m’a dit qu’elle a dit à la profession euh le professeur: “Ah oui, c’est gentil mais… je crois que elle sera plus apte à devenir comme son père.” Et ça en fait, c’est euh la base fondamentale de mon passé.

J’étais née dans une famille euh académique. Mon papa est un scientifique. Un homme d’affaires. Et je suis née en Malaisie, dans une grande famille où les grands-pères, les grands-mères, les en.. les tantes, les oncles forment un.. un “nucleus”. Et que.. on était toujours ensemble. Et dans cette famille, les valeurs sont très similaires. Les aspirations sont très spécifiques. Donc, depuis que je suis toute petite, j’ai appris à.., de ma famille, qu’en fait, l’art… était superflu. Que c’ét.. ce n’était pas nécessaire. Ce n’était pas quelque chose que l’on peut vivre… avec.. de gagner sa vie, je veux dire. Euh.. ils m’ont fait croire que en fait, l’art ou aussi la spiritualité euh.. étaient inférieurs à l’étude des sciences ou à des études d’architecture. Même la politique. Tout était… tout était mieux que l’art.
Mais bon moi, je.. je voulais faire plaisir à ma famille. Euh.. je voulais leur.. euh leur acceptance et comme j’étais la fille ainée, la petite fille ainée euh de.. de la famille, j’étais sous cette… pression, dans cette.. cette boule. Et naturellement, je voulais leur faire plaisir.
Donc euh depuis que j’étais toute petite j’ai appris à.. à mentir à moi-même en disant que “oui, j’ai envie de devenir médecin, oui, j’ai envie de devenir scientifique.” C’était très facile parce que de toute façon, à la base, j’ai toujours adoré la science. J’aime la science. J’adore la physique quantique. J’adore la chimie. Donc euh pour moi, je me suis dit “Pourquoi pas?” Alors euh ce… cette façon d.. de fonctionner a continué pendant des années depuis ma plus tendre enfance.

Euh.. j’ai étudié et j’ai étudié.
Ah, j’aime pas dire ça mais je suis née quand même pas mal intelligente. Donc euh les études de chimie, la biologie, la physique étaient assez faciles.. pour moi. Et j’ai toujours eu de très, très bonnes notes à l’école. J’ai eu de tellement bonnes notes que j’ai été acceptée de.. dans une des plus prestigieuses universités qui existaient en Malaisie à ce moment-là. Euh… Et ma famille était fière, si fière. Et moi, j’étais heureuse de pouvoir les rendre si fiers. Parce que… toute ma vie était basée sur ça.

Donc euh, je suis rentrée à l’université. Des mois sont passés. Et plus les jours passent, plus je me rendais compte que j’étais malheureuse, que… d’être une future médecine euh médecin, je veux dire, future… scientifique m.. me plaisait de moins en moins. Et je me rendais compte que toute ma vie, j’avais vécu un mensonge.

Et un jour…, j’ai flippé.
J’ai pété un câble, on peut dire ça comme ça. Et euh j’ai commencé à challenger les traditions et la religion dans lesquelles j’ai été éduquée. Il y avait des larmes qui coulaient tout le temps, tout le temps euh… en dispute avec ma famille. Il y avait.. euh.. des voix… en colère. Les gens n’étaient pas contents. J’étais vraiment le mouton noir de la famille. Et… j.. j’essayais de faire comprendre que… je voulais faire de l’art. Que je voulais faire autre chose de ma vie.

(…silence…)

Et euh ce n’était pas facile. Donc euh.. dans la première histoire que j’avais expliquée, dans laquelle je tombais enceinte et où j’avais dû déménager en Europe, euh… en fait, tout est arrivé plus ou moins au même moment. Je vais faire un fast forward et, là, on est en septembre 2008.
J’avais vingt-trois ans. Hem.. j’avais pas de travail car à ce moment-là, j’ai perdu tous mes papiers. Et pour que je puisse rester en Europe, j’ai perdu la garde de ma fille.

(…silence…)

Je ne parlais toujours pas la langue. Et je connaissais personne. Mais j’étais déjà en Belgique. J’ai choisi la Belgique car c’est un pays où les gens parlaient anglais. Et je me suis dit que c’était beaucoup plus facile de… survivre dans un pays anglophone que.. que de survivre en France.

Quelques semaines après que je vis en Belgique, j’ai rencontré Lou, mon partenaire. Et il m’a sauvé la vie.

(…silence…)

Il m’a sauvé d’une mort spirituelle, d’une mort émotionnelle.
Il m’a donné tous les outils qu’il fallait pour fabriquer mes propres ailes. Il m’a dit que je pourrais voler et je l’ai cru.
Et à ce moment-là, j’avais l’impression que ma vie était une toile… blanche et que je pouvais faire tout ce que je v.. je voulais. Et, évidemment, c’était de l’art. Et… Mais j’avais peur. Comme toute ma vie, il n’y a personne qui m’avait jamais soutenue dans ce que je voulais faire, je savais pas où commencer.
J’avais jamais peint de ma vie. Je savais pas quoi faire. Et ce que Lou a fait: il m’a acheté euh une toile blanche, quelques peintures et euh.. un chevalet et il m’a dit: “Ecoute, juste: fais ! Fais, ce que tu veux.”

Et c’est là que j’ai créé mon premier tableau. Il est là.
[Ariani désigne un tableau dans son atelier].
“La fleur de la vie.” Pour moi ce tableau, euh c’était vraiment comme une renaissance. C’est un tableau qui est à la fois abstrait, à la fois organique mais surtout c’est un tableau qui représente un symbolisme spirituel. Parce qu’à ce moment-là, c’était vraiment comme un début de… d’une nouvelle vie pour moi. Un nouveau livre. Un nouveau chapitre. Et à ce moment-là, j’ai su que j’étais en train de me guérir et de devenir la personne que je devais.. que j’étais destinée à devenir.

Depuis ce moment-là, je n’ai plus jamais arrêté de peindre. Maintenant… ça fait cinq ans, six ans que je peins. Je commence à avoir de plus en plus de confiance en moi.
Skaii de Vega était née avec des projets, des aspirations. Avec euh une volonté de changer le monde. Et je suis… je suis déjà là. Je suis très proche d’où j’ai envie d’être.

Et je remercie euh la Vie, l’Univers pour… pour toute cette chance et ces opportunités que j’ai car maintenant, c’est tellement clair pour moi, ma mission de vie hem…
Je suis en bonne… relation avec ma famille. Enfin!
Je suis en train de récupérer ma fille. Et euh même au moment où tout semble impossible, où tout semble difficile, j’ai la preuve aujourd’hui que… je suis sur la bonne voie. Et je suis certaine… en tout cas je crois en Skaii de Vega, que… qu’elle va arriver où elle à envie d’être. Et je suis… reconnaissante.
Merci. Merci, Olivier, pour.. p.. pour cette opportunité de partager cette histoire. Je me sens honorée. Et euh j’espère que mon histoire pourra peut-être donner.. semer des petites graines de courage, de persévérance et euh de la volonté de suivre ses rêves.

(…silence…)

Et je trouve que c’est un bon début.
Merci.


A propos de cette rencontre

Renaissance est l’anecdote que m’a confiée Ariani après Détresse.

Renaissance, ce n’est certes pas une émotion. Pas même un sentiment. Le français manque parfois cruellement de ressources pour qualifier certaines choses qui nous traversent.
J’assume donc le terme « renaissance » pour qualifier la façon par laquelle Ariani est parvenue à replacer l’art, la peinture surréaliste, au premier plan de sa vie.