Christophe – Sérénité

(…silence…)

La difficulté pour remettre son cerveau en place quand on est sujet aux attaques de panique, c’est qu’il faut trouver les bons outils. Et il faut croire en ces outils.
Personnellement, je me foutais complètement de la méditation. Je trouvais que c’était un truc, euh… C’était un mensonge… Et que… ça pouvait pas m’aider et qu’il devait forcément y avoir des autres solutions.
Et mes attaques de panique étaient tellement fréquentes que j’ai bien dû admettre que mes solutions ne fonctionnaient pas. Et je me suis retrouvé dans la position où j’étais prêt à essayer absolument n’importe quoi.

J’ai acheté un livre qui s’appelait “Guérir” qui proposait plusieurs solutions.
Je ne pense pas que la méditation en faisait partie mais en tout cas, les exercices pour prendre le contrôle de la respiration, et à travers le contrôle de la respiration le contrôle du coeur, et à travers le contrôle du coeur le contrôle du système nerveux, quelque part, ça m’a parlé.

Alors que j’étais en dépression, je me suis mis à lire des livres. Et pas les livres auxquels on s’attend. J’ai lu “L’art de la guerre” de Sun Tzu et aussi “Le traité des 5 roues” de Miyamoto Musashi. Miyamoto Musashi était un célèbre artiste du sabre au Japon, je peux pas vraiment appeler ça un samouraï car c’était un… rônin et c’était un guerrier qui pratiquait la méditation. Vu que ce personnage légendaire était quand même célèbre pour avoir gagné des combats à un contre cent, je me suis dit que peut-être la méditation pourrait m’aider.

Et mes premiers essais ont été très mauvais.
Je suis allé dans un dojo zen. Et… j’ai essayé une séance de 45 minutes qui était absolument catastrophique.
D’abord, j’étais mal assis et j’ai eu mal. Ensuite, j’étais incapable de me concentrer. Et pendant 45 minutes, 45… 45 minutes avec le cerveau qui part dans tous les sens, c’est une véritable torture.

(…silence…)

Pourtant… (…silence…) au milieu de ces 45 minutes, il y a eu un court moment, de quelques secondes, où j’ai vraiment ressenti quelque chose.

(…silence…)

Et à peine j’ai eu le temps de le sentir, que c’était parti.

(…silence…)

C’qui m’a vraiment décidé à faire de la méditation, c’est mon voyage au Japon et le passage à Kyoto.
Kyoto est une ville qui est très particulière. C’est l’ancienne capitale impériale du Japon. Et c’est une ville qui est… coincée entre les montagnes. Et c’est une ville qui respire le calme. Quand on vient de Tokyo qui a ses 15, 20 millions d’habitants dans la rue en permanence et qu’on va à Kyoto, le choc est assez spectaculaire.

(…silence…)

Pendant le voyage, moi et Isabelle, on avait choisi de faire certains temples et on a visité le temple de Ninna-ji qui a de superbes jardins zen. C’est pas les plus jolis mais en tout cas, ils sont assez remarquables.
Le jour où on l’a visité était un jour absolument insupportable. Il faisait 35° et l’air était saturé d’eau. Ce qui fait qu’on était accablés par la chaleur. Etouffés.

(…silence…)

Et, euh, pourtant, (…silence…) je me suis retrouvé à un moment assis devant le jardin zen, j’étais assis tout à fait normalement, et j’ai juste décidé d’observer. Ma tête était au bord de l’explosion. La chaleur était absolument insupportable. Mais… j’ai bien dû admettre que, à contempler ce jardin, j’ai enfin trouvé, et pendant de longues minutes, une sérénité que je n’avais jamais connue.

(…silence…)

Et accablé de chaleur, alors que n’importe qui d’autre aurait essayé de se mettre à l’ombre, presque de s’enfuir pour trouver un petit peu de fraîcheur, je suis resté assis là pendant 15 minutes. Et je n’ai jamais été aussi heureux.
Ca a d’ailleurs emmerdé Isabelle parce que je restais assis à juste être content et elle se demandait ce que je foutais là.

(…silence…)

Quand on commence la méditation, on cherche quelque chose qu’on n’a jamais connu. On cherche un moment où on est vraiment en équilibre dans sa tête. Et tant qu’on ne l’a pas connu pendant quelques minutes, ça ne fonctionne pas.
Ce souvenir à Kyoto était tellement fort et tellement vivace que c’est celui que j’ai toujours été chercher dans mes tentatives ultérieures pour faire de la méditation. Et c’est là que ça a commencé à prendre.
Maintenant, j’utilise une autre image mentale mais de temps en temps, ça m’arrive de repenser au jardin du Ninna-ji…

Christophe – Sérénité

(…silence…)

La difficulté pour remettre son cerveau en place quand on est sujet aux attaques de panique, c’est qu’il faut trouver les bons outils. Et il faut croire en ces outils.
Personnellement, je me foutais complètement de la méditation. Je trouvais que c’était un truc, euh… C’était un mensonge… Et que… ça pouvait pas m’aider et qu’il devait forcément y avoir des autres solutions.
Et mes attaques de panique étaient tellement fréquentes que j’ai bien dû admettre que mes solutions ne fonctionnaient pas. Et je me suis retrouvé dans la position où j’étais prêt à essayer absolument n’importe quoi.

J’ai acheté un livre qui s’appelait “Guérir” qui proposait plusieurs solutions.
Je ne pense pas que la méditation en faisait partie mais en tout cas, les exercices pour prendre le contrôle de la respiration, et à travers le contrôle de la respiration le contrôle du coeur, et à travers le contrôle du coeur le contrôle du système nerveux, quelque part, ça m’a parlé.

Alors que j’étais en dépression, je me suis mis à lire des livres. Et pas les livres auxquels on s’attend. J’ai lu “L’art de la guerre” de Sun Tzu et aussi “Le traité des 5 roues” de Miyamoto Musashi. Miyamoto Musashi était un célèbre artiste du sabre au Japon, je peux pas vraiment appeler ça un samouraï car c’était un… rônin et c’était un guerrier qui pratiquait la méditation. Vu que ce personnage légendaire était quand même célèbre pour avoir gagné des combats à un contre cent, je me suis dit que peut-être la méditation pourrait m’aider.

Et mes premiers essais ont été très mauvais.
Je suis allé dans un dojo zen. Et… j’ai essayé une séance de 45 minutes qui était absolument catastrophique.
D’abord, j’étais mal assis et j’ai eu mal. Ensuite, j’étais incapable de me concentrer. Et pendant 45 minutes, 45… 45 minutes avec le cerveau qui part dans tous les sens, c’est une véritable torture.

(…silence…)

Pourtant… (…silence…) au milieu de ces 45 minutes, il y a eu un court moment, de quelques secondes, où j’ai vraiment ressenti quelque chose.

(…silence…)

Et à peine j’ai eu le temps de le sentir, que c’était parti.

(…silence…)

C’qui m’a vraiment décidé à faire de la méditation, c’est mon voyage au Japon et le passage à Kyoto.
Kyoto est une ville qui est très particulière. C’est l’ancienne capitale impériale du Japon. Et c’est une ville qui est… coincée entre les montagnes. Et c’est une ville qui respire le calme. Quand on vient de Tokyo qui a ses 15, 20 millions d’habitants dans la rue en permanence et qu’on va à Kyoto, le choc est assez spectaculaire.

(…silence…)

Pendant le voyage, moi et Isabelle, on avait choisi de faire certains temples et on a visité le temple de Ninna-ji qui a de superbes jardins zen. C’est pas les plus jolis mais en tout cas, ils sont assez remarquables.
Le jour où on l’a visité était un jour absolument insupportable. Il faisait 35° et l’air était saturé d’eau. Ce qui fait qu’on était accablés par la chaleur. Etouffés.

(…silence…)

Et, euh, pourtant, (…silence…) je me suis retrouvé à un moment assis devant le jardin zen, j’étais assis tout à fait normalement, et j’ai juste décidé d’observer. Ma tête était au bord de l’explosion. La chaleur était absolument insupportable. Mais… j’ai bien dû admettre que, à contempler ce jardin, j’ai enfin trouvé, et pendant de longues minutes, une sérénité que je n’avais jamais connue.

(…silence…)

Et accablé de chaleur, alors que n’importe qui d’autre aurait essayé de se mettre à l’ombre, presque de s’enfuir pour trouver un petit peu de fraîcheur, je suis resté assis là pendant 15 minutes. Et je n’ai jamais été aussi heureux.
Ca a d’ailleurs emmerdé Isabelle parce que je restais assis à juste être content et elle se demandait ce que je foutais là.

(…silence…)

Quand on commence la méditation, on cherche quelque chose qu’on n’a jamais connu. On cherche un moment où on est vraiment en équilibre dans sa tête. Et tant qu’on ne l’a pas connu pendant quelques minutes, ça ne fonctionne pas.
Ce souvenir à Kyoto était tellement fort et tellement vivace que c’est celui que j’ai toujours été chercher dans mes tentatives ultérieures pour faire de la méditation. Et c’est là que ça a commencé à prendre.
Maintenant, j’utilise une autre image mentale mais de temps en temps, ça m’arrive de repenser au jardin du Ninna-ji…


A propos de cette rencontre

La seconde anecdote racontée par Christophe est liée à sa quête de sérénité.

Elle répond évidemment à la première relative à la panique.

Il a choisi de me la raconter en faisant une séance de yoga.

En termes de traitement, les photos issues de cette session marquèrent une étaper importante dans mon projet. A la base, j’imaginais traiter toutes les photos en noir et blanc. C’est beau le noir et blanc. C’est noble. C’est Doisneau, Bresson, Salgado… Pas de bol, avec les photos de cette session, il n’était pas beau mon noir et blanc. Il n’était pas noble. Malgré de très nombreux essais.

Puis, par dépit, je suis revenu à la couleur, j’ai désaturé et les choses se sont mises en place.
Je savais désormais que dans mon projet, il y aurait des images en noir et blanc et d’autres en couleurs. J’ai constaté avec cette série de photos, que je ne décidais pas tout. Comme si l’instant capturé avait une volonté propre capable de me faire savoir si j’étais dans le bon ou pas.
D’aucun pourront me signaler qu’un vrai photographe sait où il va avant d’appuyer sur le déclencheur. Je leur rétorquerai que peu me chaut d’être considéré comme un vrai photographe.
Mon but premier, c’est d’être en paix avec mes clichés, c’est à dire d’essayer de ne pas trahir la vérité que j’ai pu percevoir en eux.